“Farfadets danseurs” captés au-dessus de la Manche le 28 mai 2017. © Stéphane Vetter.
Les TLEs, phénomènes lumineux au-dessus des orages
Les phénomènes lumineux transitoires (TLE en anglais de Transient Luminous Event) sont de nature électrique et se produisent au-dessus des orages sous diverses formes qui permettent d’en faire une classification :
– les blue starters, les blue jets et les jets géants émergent du sommet nuageux et se différencient par l’altitude qu’ils atteignent (environ 20, 40 et 90 km, respectivement), la région du nuage où ils démarrent et la polarité de la charge qu’ils transfèrent ;
– les sprites (farfadets en français) se déclenchent aux alentours de 70 km d’altitude au-dessus des régions stratiformes par suite d’un éclair nuage-sol positif ;
– les ELVES (de l’anglais Emission of Light and Very low frequency perturbations due to Electromagnetic pulse Sources) sous la forme d’un anneau lumineux à la base de l’ionosphère (90 km la nuit) produites par des puissants éclairs nuage-sol.
Peu lumineux, de faible durée mais de grande taille, les TLEs nécessitent des caméras très sensibles pour les rendre visibles. Ils constituent une manifestation de l’orage au même titre que les éclairs mais en plus faible quantité. Ils sont étudiés pour l’impact qu’ils peuvent avoir sur le circuit électrique global et l’environnement électromagnétique du système Terre.


Une caméra haute-sensibilité installée à l’observatoire de physique de l’atmosphère de La Réunion (OPAR) au Maïdo
Pour l’observation de ces phénomènes à distance depuis l’OPAR sur le site du Maïdo (l’orage doit être à une certaine distance pour avoir une vue dégagée), une caméra très sensible est utilisée. C’est une caméra Watec qui a une sensibilité de 0,1 millilux, gérée, contrôlable et pilotable à distance par internet. Le climat tropical et l’atmosphère océanique sont favorables à tout type de TLE, notamment les jets géants.


Étude d’un cas exceptionnel d’orage ayant produit 13 jets géants
Treize jets géants ont été observés le 12 février 2020 à l’aide de la caméra vidéo installée à l’observatoire du Maïdo. Ils ont été produits en 68 minutes par des cellules orageuses intégrées à un système convectif situé à près de 500 km du Maïdo et associé à la dépression tropicale Francisco, qui était une tempête tropicale modérée du 5 au 7 février, mais qui s’est affaiblie et a dérivé vers l’ouest, en direction de Madagascar. Le 12 février, la dépression résiduelle est passée au nord-ouest de l’île de La Réunion, où elle a commencé à se réactiver et à se creuser pendant la nuit de ces événements. L’étude a été publiée dans le Journal of Geophysical Research.


Pour en savoir plus :
Soula, S., Mlynarczyk, J., van der Velde, O., Montanya, J., & Leclerc, E. (2023). High production of gigantic jets by a thunderstorm over Indian Ocean. Journal of Geophysical Research: Atmospheres, 128, e2023JD039486. https://doi.org/10.1029/2023JD039486
Contact:
Serge Soula, Laboratoire d’Aérologie, Toulouse