Les nuages, c’est que de l’eau ? Comment le savoir ?

“Nuages dans les montagnes de La Réunion” avril 2025. © Lucas Pailler.

Tout d’abord, il faut les attraper!

Angelica Bianco, Guillaume Chamba et Lucas Pailler, chercheurs au Laboratoire de Météorologie Physique de Clermont-Ferrand (LaMP), disposent d’un collecteur pour échantillonner les gouttelettes de nuages sous forme liquide 1. Ce collecteur a été déployé du 24 mars au 11 avril au sommet d’un mât de 10 m sur le tracé de la piste Omega, le long de la pente du Maïdo, pour échantillonner les nuages qui se forment en altitude par ascension des masses d’air humides.

“Le collecteur BOOGIES” avril 2025. © Lucas Pailler.
“Le collecteur sur son mât et l’équipe du LaMP sur le site de mesure Maïdo/piste Omega” avril 2025. © Lucas Pailler.

Bien plus que de l’eau

L’effort collectif des chercheurs durant la campagne de l’ANR BIOMAÏDO, qui a eu lieu en 2019, a permis d’éclaircir le mécanisme de formation des nuages sur le flanc de la montagne 2,3 et d’analyser la composition chimique et biologique de 14 échantillons 4. Les nuages collectés sur l’Île de La Réunion contiennent bien plus que de l’eau ! L’utilisation de plusieurs méthodes analytiques a mis en évidence la présence dans les gouttelettes de nuage de sels marins, de composés liés au trafic urbain, ainsi que de molécules émises par la végétation. Malheureusement, les analyses courantes ne permettent de cibler qu’une fraction des composés présents dans le nuage (environ 20%). Afin d’avoir une vision plus large de la composition des gouttelettes, une technique de spectrométrie de masse à haute résolution, nommée FT-ICR MS, a été utilisée sur 3 échantillons de cette campagne5.

Cette étude a permis de montrer que les composés organiques sont fraîchement émis par la végétation tropicale présente sur l’île. Néanmoins, plusieurs questions restent ouvertes à la suite de cette campagne, principalement dues au faible nombre d’échantillons collectés pour l’analyse par spectrométrie FT-ICR MS. C’est pourquoi, dans le cadre du projet ANR OPTIC, une nouvelle campagne en collaboration avec l’OSU-Réunion permet de collecter des échantillons de nuage destinés à cette analyse FTICR MS. Les résultats obtenus pour ces échantillons collectés dans cet environnement tropical pourront alors être comparés avec ceux obtenus pour deux autres sites : le Puy de Dôme, en France hexagonale, un site éloigné des sources biogéniques et anthropiques (“remote”), et le Mt Cimone, en Italie, un site influencé par des masses d’air continentales ou sahariennes. Cette comparaison nous permettra d’identifier les molécules communes à tous les sites et celles qui peuvent être considérés comme des marqueurs de sources locales, qu’elles soient biogéniques, anthropiques ou marines.

“La détection des molécules de l’eau par spectrométrie de masse” avril 2025. © Angelica Bianco.
En haut a gauche l’instrument FT-ICR MS (spectromètre de masse), qui permet d’analyser l’eau de nuage et acquérir le spectre de masse à haute résolution, montré en bas. L’attribution de formules brutes aux signaux dans le spectre de masse est possible grâce à la haute résolution et permet de classer les molécules en différentes catégories (lipides, peptides, carbohydrates, ..) en fonction des ratios hydrogène sur carbone (H/C), oxygène sur carbone (O/C) et azote sur carbone (N/C).

Un grand merci à Jean-Marc Metzger, Olivier Magand et David Combemale de l’OSU-Réunion/OPAR, pour l’aide à l’organisation de cette campagne !

(1) Vaitilingom, M.; Bernard, C.; Ribeiro, M.; Verhaege, C.; Gourbeyre, C.; Berthod, C.; Bianco, A.; Deguillaume, L. Design and Evaluation of BOOGIE: A Collector for the Analysis of Cloud Composition and Processes. Atmospheric Meas. Tech. 2025, 18 (5), 1073–1090. https://doi.org/10.5194/amt-18-1073-2025.

(2) Leriche, M.; Tulet, P.; Deguillaume, L.; Burnet, F.; Colomb, A.; Borbon, A.; Jambert, C.; Duflot, V.; Houdier, S.; Jaffrezo, J.-L.; Vaïtilingom, M.; Dominutti, P.; Rocco, M.; Mouchel-Vallon, C.; El Gdachi, S.; Brissy, M.; Fathalli, M.; Maury, N.; Verreyken, B.; Amelynck, C.; Schoon, N.; Gros, V.; Pichon, J.-M.; Ribeiro, M.; Pique, E.; Leclerc, E.; Bourrianne, T.; Roy, A.; Moulin, E.; Barrie, J.; Metzger, J.-M.; Péris, G.; Guadagno, C.; Bhugwant, C.; Tibere, J.-M.; Tournigand, A.; Freney, E.; Sellegri, K.; Delort, A.-M.; Amato, P.; Joly, M.; Baray, J.-L.; Renard, P.; Bianco, A.; Réchou, A.; Payen, G. Measurement Report: Bio-Physicochemistry of Tropical Clouds at Maïdo (Réunion, Indian Ocean): Overview of Results from the BIO-MAÏDO Campaign. Atmospheric Chem. Phys. 2024, 24 (7), 4129–4155. https://doi.org/10.5194/acp-24-4129-2024.

(3) El Gdachi, S.; Tulet, P.; Réchou, A.; Burnet, F.; Mouchel‐Vallon, C.; Jambert, C.; Leriche, M. Thermodynamic Processes Driving Thermal Circulations on Slopes: Modeling Anabatic and Katabatic Flows on Reunion Island. J. Geophys. Res. Atmospheres 2024, 129 (17), e2023JD040431. https://doi.org/10.1029/2023JD040431.

(4) Dominutti, P. A.; Renard, P.; Vaïtilingom, M.; Bianco, A.; Baray, J.-L.; Borbon, A.; Bourianne, T.; Burnet, F.; Colomb, A.; Delort, A.-M.; Duflot, V.; Houdier, S.; Jaffrezo, J.-L.; Joly, M.; Leremboure, M.; Metzger, J.-M.; Pichon, J.-M.; Ribeiro, M.; Rocco, M.; Tulet, P.; Vella, A.; Leriche, M.; Deguillaume, L. Insights into Tropical Cloud Chemistry in Réunion (Indian Ocean): Results from the BIO-MAÏDO Campaign. Atmospheric Chem. Phys. 2022, 22 (1), 505–533. https://doi.org/10.5194/acp-22-505-2022.

(5) Pailler, L.; Deguillaume, L.; Lavanant, H.; Schmitz, I.; Hubert, M.; Nicol, E.; Ribeiro, M.; Pichon, J.-M.; Vaïtilingom, M.; Dominutti, P.; Burnet, F.; Tulet, P.; Leriche, M.; Bianco, A. Molecular Composition of Clouds: A Comparison between Samples Collected at Tropical (Réunion Island, France) and Mid-North (Puy de Dôme, France) Latitudes. Atmos Chem Phys 2024, 24 (9), 5567–5584. https://doi.org/10.5194/acp-24-5567-2024.

Contact:

Angelica Bianco, Laboratoire de Météorologie Physique LaMP/CNRS, Clermont-Ferrand

Une caméra pour l’observation des TLEs au Maïdo

“Farfadets danseurs” captés au-dessus de la Manche le 28 mai 2017. © Stéphane Vetter.


Les TLEs, phénomènes lumineux au-dessus des orages

Les phénomènes lumineux transitoires (TLE en anglais de Transient Luminous Event) sont de nature électrique et se produisent au-dessus des orages sous diverses formes qui permettent d’en faire une classification :

– les blue starters, les blue jets et les jets géants émergent du sommet nuageux et se différencient par l’altitude qu’ils atteignent (environ 20, 40 et 90 km, respectivement), la région du nuage où ils démarrent et la polarité de la charge qu’ils transfèrent ;

– les sprites (farfadets en français) se déclenchent aux alentours de 70 km d’altitude au-dessus des régions stratiformes par suite d’un éclair nuage-sol positif ;

– les ELVES (de l’anglais Emission of Light and Very low frequency perturbations due to Electromagnetic pulse Sources) sous la forme d’un anneau lumineux à la base de l’ionosphère (90 km la nuit) produites par des puissants éclairs nuage-sol.

Peu lumineux, de faible durée mais de grande taille, les TLEs nécessitent des caméras très sensibles pour les rendre visibles. Ils constituent une manifestation de l’orage au même titre que les éclairs mais en plus faible quantité. Ils sont étudiés pour l’impact qu’ils peuvent avoir sur le circuit électrique global et l’environnement électromagnétique du système Terre.

Représentation schématique des principaux TLEs dans leur environnement au-dessus d’un orage.

Exemples de TLE : À gauche, un sprite vu à 350 km depuis le Pic du Midi (2877 m, Pyrénées, France) le 2/09/2009 ; au centre, une ELVE enregistrée au Pic du Midi le 22/02/2012 ; à droite deux jets géants enregistrés à La Réunion à environ 50 km par Patrice Huet le 7/03/2010.


Une caméra haute-sensibilité installée à l’observatoire de physique de l’atmosphère de La Réunion (OPAR) au Maïdo

Pour l’observation de ces phénomènes à distance depuis l’OPAR sur le site du Maïdo (l’orage doit être à une certaine distance pour avoir une vue dégagée), une caméra très sensible est utilisée. C’est une caméra Watec qui a une sensibilité de 0,1 millilux, gérée, contrôlable et pilotable à distance par internet. Le climat tropical et l’atmosphère océanique sont favorables à tout type de TLE, notamment les jets géants.

Exemples d’observations réalisées à l’OPAR au Maïdo : à gauche, jet géant observé le 12 février 2020 ; à droite, halo et sprite observé le 17 février 2025.


Étude d’un cas exceptionnel d’orage ayant produit 13 jets géants

Treize jets géants ont été observés le 12 février 2020 à l’aide de la caméra vidéo installée à l’observatoire du Maïdo. Ils ont été produits en 68 minutes par des cellules orageuses intégrées à un système convectif situé à près de 500 km du Maïdo et associé à la dépression tropicale Francisco, qui était une tempête tropicale modérée du 5 au 7 février, mais qui s’est affaiblie et a dérivé vers l’ouest, en direction de Madagascar. Le 12 février, la dépression résiduelle est passée au nord-ouest de l’île de La Réunion, où elle a commencé à se réactiver et à se creuser pendant la nuit de ces événements. L’étude a été publiée dans le Journal of Geophysical Research.

À gauche : géopotentiel au niveau 500 hPa (altitude de la pression 500 hPa, échelle de couleurs en km) et vent horizontal (flèches) dans une grande zone de l’océan Indien occidental, à 20h00 UTC le 12 février 2020. Le carré blanc correspond à la zone de l’orage qui a produit les 13 jets géants et la flèche blanche indique l’île de La Réunion. À droite, température du sommet des nuages mesurée par Météosat le 12 février 2020 à 21h03 UTC dans la région de l’orage produisant les jets.Le cercle blanc en pointillés, d’un rayon de 500 kilomètres, est centré sur la caméra (triangle blanc) au Maïdo.Les lignes noires indiquent le champ de vision de la caméra. Les cercles roses et les symboles + rouges représentent respectivement les éclairs nuage-sol négatifs et positifs, détectés entre 21h00 et 21h05 UTC.Les jets géants ont été produits par l’orage 2 (Storm 2).

Images issues de l’imagerie vidéo de huit jets géants en plein développement. L’heure indiquée pour chaque cas (heure:minute) est en UTC. Les altitudes sont indiquées pour le sommet et la base de la partie visible des jets.

Pour en savoir plus :

Soula, S., Mlynarczyk, J., van der Velde, O., Montanya, J., & Leclerc, E. (2023). High production of gigantic jets by a thunderstorm over Indian Ocean. Journal of Geophysical Research: Atmospheres, 128, e2023JD039486. https://doi.org/10.1029/2023JD039486

Contact:

Serge Soula, Laboratoire d’Aérologie, Toulouse

Les mesures de houle du site transversal outremer ILICO Réunion utilisées pour valider un modèle global de la houle

Les mesures de houle réalisées dans le cadre de l’observatoire OCTOPUS et du Site Transversal Outremer ILICO de La Réunion, pour les services nationaux d’observations DYNALIT et ReefTEMPS-OI, ont permis de valider un modèle numérique WW3 global de la houle. 

Ce modèle qui utilise une grille non structurée permet des zooms côtiers sur les îles situées dans la bande inter-tropicale. La résolution de ce modèle sur les côtes de La Réunion est alors de 100m. 

Une autre amélioration de ce modèle permet de corriger les vents pour les événements extrêmes et améliorer ainsi la prévision des houles en condition cyclonique. 

Plus d’informations sur les méthodes utilisées dans le papier à ce lien : https://doi.org/10.5194/gmd-18-1929-2025 

Ce travail qui utilise les données d’observations a été effectué dans le cadre du programme ANR FUTURISKs: https://futurisks.recherche.univ-lr.fr/ 

Contact: Emmanuel Cordier, OSU-Réunion (Université de La Réunion, CNRS, Météo-France, IRD), St Denis.

Journée scientifique de l’OSU-Réunion

Vous trouverez ici les présentations réalisées lors de la journée scientifique de l’OSU-Réunion, le 17 décembre 2024 à SEAS-OI Saint Pierre.

Les présentations des observations de l’OSU-R et de l’OVPF/IPGP:

Patterns and trends of atmospheric mercury in the GMOS network : insights based on a decade of measurements


The Global Mercury Observation System (GMOS) network, initially a five year project (2010-2015) funded by the European Commission, continued as a GEO Flagship program to support the Global Observation System for Mercury (GOS4M). GMOS was envisioned as a coordinated global observing system to monitor atmospheric mercury (Hg) on a global scale, to support and evaluate the effective implementation of the Hg Minamata Convention. 28 ground-based stations have been involved in the monitoring activities, following the GMOS sampling protocols. This network provides representative coverage of all latitudes (Arctic, Antarctica, Northern and Southern Hemisphere, Tropical Zone). This work presents atmospheric Hg data (TGM or GEM) concentrations, recorded from 2011 to 2020. TGM/GEM concentrations were analysed in terms of their variability along latitudinal areas, considering their comparability, temporal trends and patterns. Main results confirmed a clear gradient of TGM/GEM concentrations between the hemispheres, a strongly significant decreasing trends in TGM/GEM levels for selected remote stations with at least 5 years of data coverage, as well as specific seasonalities depending of latitude and type of sites. The work carried out shows the need to set up stations to measure TGM/GEM in the ocean environment, particularly in tropical areas (example of the Maido site with data collected since 2017 – not shown in this study, because the temporal coverage is still too small).

« Location of the GMOS network monitoring sites included in this study. Different shapes and colours refer to station classification : Remote, Rural, Suburban, and Urban, as well as background, coastal, and high-altitude. GMOS network: https://www.gmos.eu/»

Full reference :
Bencardino, M., D’Amore, F., Angot, H., Angiuli, L., Bertrand, Y., Cairns, W., Dieguez, M.C., Dommergue, A., Ebinghaus, R., Esposito, G., Komınkova, K., Labuschagne, C., Mannarino, V., Martin, L., Martino, M., Neves, L.M., Mashyanov, N., Magand, O., Nelson, P., Norstrom, C., Read, K., Sholupov, S., Skov, H., Tassone, A., Vıtkova, G., Cinnirella, S., Sprovieri, F. and Pirrone, N., 2024.
Patterns and trends of atmospheric mercury in the GMOS network : insights based on a decade of measurements. Environmental pollution 363, 125104, https://doi.org/10.1016/j.envpol.2024.125104.

Local contact : olivier.magand@univ-reunion.fr

External contact : mariantonia.bencardino@cnr.it (CNR, Italy)

“Mercury cycle, Angot 2016.”

Modèles et tendances du mercure atmosphérique dans le réseau GMOS : aperçu basé sur une décennie de mesures

Le réseau du Système mondial d’observation du mercure (GMOS), initialement programmé sur cinq ans (2010-2015) et financé par la Commission européenne, s’est poursuivi sous l’égide de GEO-GOS4M. GMOS a été envisagé comme un système d’observation coordonné pour surveiller le mercure atmosphérique (Hg) à l’échelle planétaire, afin de soutenir et d’évaluer la mise en œuvre efficace de la Convention de Minamata dédiée à ce polluant de grand ampleur. 28 stations terrestres ont initialement participé aux activités de surveillance lors de la création de GMOS. Ce réseau offre une couverture représentative de toutes les latitudes (Arctique, Antarctique, hémisphères nord et sud, zone tropicale). Ce travail présente les concentrations atmosphériques de Hg (TGM ou GEM), collectées de 2011 à 2020. Les principaux résultats ont confirmé un gradient clair des concentrations de TGM/GEM entre les hémisphères, une tendance à la baisse fortement significative des niveaux de TGM/GEM pour certaines stations éloignées disposant d’une couverture de données d’au moins 5 ans, ainsi que des saisonnalités spécifiques en fonction de la latitude et du type de sites considéré. Les travaux réalisés montrent la nécessité de mettre en place des stations de mesure du TGM/GEM en milieu océanique, notamment en zone tropicale (exemple du site de l’OPAR-Maido avec des données collectées depuis 2017 – non présenté dans cette étude, en raison d’une couverture temporelle inférieure à la décennie).

« Localisation des sites de surveillance du réseau GMOS inclus dans cette étude. Les différentes formes et couleurs correspondent à la classification des stations: Éloignée, Rurale, Suburbaine et Urbaine, ainsi qu’à site de « bruit de fond », côtier et de haute altitude. Réseau GMOS: https://www.gmos.eu/»


Référence complète:

Bencardino, M., D’Amore, F., Angot, H., Angiuli, L., Bertrand, Y., Cairns, W., Dieguez, M.C., Dommergue, A., Ebinghaus, R., Esposito, G., Komınkova, K., Labuschagne, C., Mannarino, V., Martin, L., Martino, M., Neves, L.M., Mashyanov, N., Magand, O., Nelson, P., Norstrom, C., Read, K., Sholupov, S., Skov, H., Tassone, A., Vıtkova, G.,Cinnirella, S., Sprovieri, F. and Pirrone, N., 2024.
Patterns and trends of atmospheric mercury in the GMOS network : insights based on a decade of measurements. Environmental pollution 363, 125104,
https://doi.org/10.1016/j.envpol.2024.125104.

Contact local:
olivier.magand@univ-reunion.fr

Contact extérieur:
mariantonia.bencardino@cnr.it
(CNR, Italie)

Le cycle du Mercure, Angot 2016.”

La journée du patrimoine à l’OPAR

Vendredi 20 septembre 2024


L’Observatoire de Physique de l’Atmosphère à La Réunion (OPAR) a accueilli la 41ème édition des journées européennes du patrimoine sur le site de l’observatoire du Maïdo.

Après une sensibilisation en classe sur l’atmosphère, le climat et la biodiversité, les 43 élèves de CM2 de l’école primaire Les Palmistes du Guillaume, avec les professeurs des écoles, la directrice de l’école et des parents accompagnateurs, étaient nos invités pour la découverte de l’observatoire.

Ils ont été accueillis et guidés par l’équipe de l’OPAR et par nos partenaires qui, par le biais de leurs différents outils pédagogiques, les ont sensibilisés à la biodiversité locale, l’écologie et les espèces exotiques envahissantes. A leur côté, et pour la première fois, l’observatoire a ouvert ses portes au grand public (30 personnes sur réservation).

Nos partenaires : association La Voie Contée, CBN-CPIE Mascarin (Conservatoire Botanique National de Mascarin), Parc National de La Réunion.

Dans ce parcours de l’école à l’observatoire, en association avec les enseignants et la direction de l’école, les élèves ont été accompagnés et mis en scène par la conteuse Marie Faham, qui est aussi l’initiatrice de cette journée (association La Voie Contée). Ils nous ont présenté « Zistoir Tek tek », une adaptation en créole du « Petit Colibri » de Pierre Rabhi.

Après le spectacle, les élèves et le public ont pu suivre les ateliers proposés par le CBN-CPIE Mascarin et le Parc National de La Réunion, et ils ont pu bénéficier d’une visite guidée de l’observatoire par l’équipe de l’OPAR.


L’animation s’est déroulée en plusieurs étapes. Tout d’abord, lors d’un échange avec les élèves et le public sous forme de questions, nous avons expliqué l’arrivée de plantes sur l’île de La Réunion. Cet atelier a permis de faire deviner les définitions des mots indigènes, endémiques, exotiques et exotiques envahissantes. Ensuite, les élèves et le public se sont rendus auprès de plantes indigènes en pot pour tenter de deviner leurs noms avec l’aide de quelques explications (tels que le Bois d’arnette et le Bois de pintade…). Par la suite, nous avons analysé les plantes qui poussent autour de nous, en présentant les espèces exotiques envahissantes.


Pour finir, les élèves et le public sont invités à jouer à des jeux pédagogiques : retrouver l’île de La Réunion parmi des cartes postales de 4 lieux différents (évocation des inconvénients des plantes exotiques envahissantes), découverte du vocabulaire botanique de base (apprentissage des organes qui permettent la détermination d’une plante), jeu sur les étapes de plantation à replacer dans le bon ordre…


Lors de la visite guidée de l’observatoire de physique de l’atmosphère, les élèves et le public ont pu découvrir les instruments ou « supers yeux » pour l’étude de l’atmosphère. Ils ont pu être sensibilisés aux métiers et au travail réalisés à l’observatoire, au fonctionnement de l’atmosphère ainsi qu’aux causes et conséquences du changement climatique.

En parallèle des ateliers et de la visite, une action citoyenne a constitué un autre moment fort de la journée. Grands et petits, tout le monde s’est mis en action pour un nettoyage d’une des principales plantes exotiques invasives sur le site de l’observatoire : la Jouvence (Ageratina riparia ou Ayapana marron).


Une journée riche pour les élèves qui s’est terminée à 13h30 avec un départ au son de la cornemuse de Jean-Pierre Guiner.


La suite de la journée a continué de se dérouler avec le public adulte en spectacle avec « Les fables en créole » de Marie Faham accompagnée par Jean-Pierre Guiner.

… et en action avec une formation-sensibilisation par le Parc National de La Réunion sur l’élimination sur le site de l’Ajonc d’Europe (Ulex europaeus ou Zépinard des Hauts), espèce parmi les 100 plus envahissantes au monde.

Pour participer aux chantiers de lutte sur le massif c’est par ici !


Et pour terminer cette journée, le CBNM a encadré et accompagné les participants pour l’inauguration de l’arboretum conservatoire de l’OPAR par le biais de la plantation de 10 plants d’herbacées indigènes (soit 5 espèces différentes :  WS 23-322 Carex balfourii, Festuca borbonica WS 23-296, Cynoglossum borbonicum WS 23-327, Isolepis fluitans WS 23-0928, Psiadia argentea WS 23-316). Cette arboretum permettra de conserver et de récolter les semences d’espèces indigènes et endémiques du massif du Maïdo – hautes altitudes.


Un grand merci à tous les partenaires et les participants… et à l’année prochaine!

VEGETALi : Prospection des ripisylves à la Rivière des Pluies

Le 12 septembre dernier, l’équipe de l’Observatoire de la Zone Critique de La Réunion, dans le cadre des relevés physico-chimiques mensuels dans le bassin de la Rivière des Pluies, a accompagné sur le terrain l’équipe de l’association ARBRE en charge du projet VEGETALi. Ce projet est mené par Chloé Meriel, responsable et coordinatrice scientifique du projet, et Anouk Piteau, chargée de mission botanique.

Cette rencontre fut l’occasion d’échanger et de présenter le protocole de détermination des typologies des ripisylves (protocoles de relevés sur les berges).

“Le projet VEGETALi (Valorisation et développement des techniques de génie végétal sur les cours d’eau de La Réunion), porté par l’association ARBRE en collaboration avec INRAE Grenoble, vise à lever les barrières vis-à-vis de l’utilisation de plantes pour prévenir de l’érosion en rivière mais également à proposer des outils concrets aux gestionnaires, leur permettant de mettre en place des techniques opérationnelles de génie végétal pour protéger les bien et les personnes tout en préservant la biodiversité comme préconisé dans le cadre de la GEMAPI (Gestion des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations).

La première phase du projet (en cours de réalisation) vise à décrire les ripisylves de La Réunion. Pour ce faire, des relevés botaniques des ripisylves et des relevés hydromorphologiques ont été réalisés sur 60 stations en rivière et ravines. Les résultats vont permettre de dresser un portrait actuel des ripisylves de La Réunion mais également de trouver des modèles naturels fonctionnels à copier dans les futures techniques de génie végétal.

Ces observations permettront également de sélectionner des plantes (herbacées, arbustives, arborées) ayant des caractéristiques intéressantes pour le génie végétal (système racinaire développé, souplesse des rameaux, capacité de multiplication et de régénération). Ces caractéristiques orienteront l’utilisation de ces espèces dans différentes techniques de génie végétal.

Le projet réunit des acteurs complémentaires du territoire et fait ainsi collaborer des partenaires techniques et financiers, des organismes de recherches et les collectivités locales chargées de la gestion des milieux aquatiques pour répondre à des objectifs d‘amélioration de l‘état des milieux aquatiques.”

crédit photos : Anouk Piteau

Personne contact : Chloé Meriel, responsable projet VEGETALi chloe.meriel@vegetali.re

Site internet ARBRE/projet VEGETALi: https://arb-reunion.fr/nos-projets/projet-vegetali/

Site internet VEGETALi: https://vegetali.re/

MAP-IO : un programme d’observation atmosphérique et marine à bord du Marion Dufresne sur l’océan austral

Résumé de l’article:

Le programme MAP-IO, lancé début 2021, a permis l’enregistrement de plus de 700 jours de données, collectées dans les océans Indien Austral, et ce, grâce à une plateforme technique composée de plus d’une quinzaine d’instruments scientifiques météorologiques et océanographiques à bord du navire océanographique Marion Dufresne. Plusieurs développements technologiques ont été nécessaires pour répondre aux difficultés des observations à bord du navire, notamment pour l’acquisition des données de télédétection passive, ainsi que le transfert des données en quasi-autonomie. Les premières mesures ont permis de mettre en exergue des données climatologiques inédites dans l’océan Austral concernant la distribution de taille et l’épaisseur optique des aérosols, la concentration des gaz à l’état de traces et des gaz à effet de serre, les UV, ou encore la vapeur d’eau intégrée. Les observations à haute résolution du phytoplancton dans les eaux de surface ont également montré une grande variabilité latitudinale en termes d’abondance et de structure des communautés (diversité). Le succès opérationnel de ce programme et ces résultats scientifiques uniques établissent une preuve de concept et soulignent la nécessité de transformer ce programme en un observatoire permanent. Les rotations pluriannuelles au sein des deux océans suscités nous permettront d’évaluer les tendances et la variabilité saisonnière de l’ensemble des variables mesurées, et ce, dans une zone climatique sensible et jusque-là encore peu documentée.

Référence complète:

Tulet, P., Van Baelen, J., Bosser, P., Brioude, J., Colomb, A., Goloub, P., Pazmino, A., Portafaix, T., Ramonet, M., Sellegri, K., Thyssen, M., Gest, L., Marquestaut, N., Mékiès, D., Metzger, J.-M., Athier, G., Blarel, L., Delmotte, M., Desprairies, G., Dournaux, M., Dubois, G., Duflot, V., Lamy, K., Gardes, L., Guillemot, J.-F., Gros, V., Kolasinski, J., Lopez, M., Magand, O., Noury, E., Nunes-Pinharanda, M., Payen, G., Pianezze, J., Picard, D., Picard, O., Prunier, S., Rigaud-Louise, F., Sicard, M., and Torres, B.: MAP-IO: an atmospheric and marine observatory program on board Marion Dufresne over the Southern Ocean, Earth Syst. Sci. Data, 16, 3821–3849, https://doi.org/10.5194/essd-16-3821-2024, 2024.

Contacts locaux:

joanna.kolasinski@univ-reunion.fr, co-coordonatrice ; jean-marc.metzger@univ-reunion.fr, responsable instrumentation in-situ ; nicolas.marquestaut@univ-reunion.fr, responsable technique et télédétection passive ; guillaume.desprairies@univ-reunion.fr, responsable infrastructure système et réseau ; francois.rigaud-louise@univ-reunion.fr, responsable mécanique et adaptations.

Contacts extérieurs:

pierre.tulet@cnrs.fr, co-coordonateur

Le plan de l’instrumentation MAP-IO à bord du Marion Dufresne
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